Enfin remplumé

Je reviens d’un weekend chez un très vieil ami, on ne s’était pas vus depuis longtemps et on a donc bien pris le temps de se raconter nos vies. Un mot est revenu sans arrêt: le remplumage. Pour lui c’est maintenant, pour moi c’est terminé. Deux très bonnes nouvelles.

Le remplumage, c’est ce qui commence quand la précarité s’arrête. Un jour, le salaire se stabilise à un niveau acceptable, et la vie change. On rembourse ses dettes, on achète des fringues, des livres, de la nourriture chère. On recommence à se faire plaisir. Quand on a été pauvre longtemps, cette période peut durer des mois.

Ce qui prends du temps, ce n’est pas seulement de rembourser ses dettes. Perdre son conditionnement de pauvre, c’est plus difficile qu’on ne penserait. Commencer à s’accorder des petits plaisirs. S’habituer à l’idée qu’aller au restaurant ou partir en weekend ce n’est pas impossible. Arrêter de tout s’interdire par principe.

Ce n’est pas seulement économique. Ne plus s’inquiéter pour ses prochains loyers permet se projeter sur autre chose, de se projeter plus loin dans le temps. Quand la galère est profonde, une partie de notre cerveau ne pense qu’à ça.

Le sentiment de libération peut donc être intense. Mon ami m’a dit qu’il était surpris d’aller aussi bien, alors que son boulot ne le passionne pas plus que ça. Je suis tellement content pour lui.

Il m’a aussi permis de réaliser que pour moi, cette phase est terminée. J’ai été au chômage longtemps, et même en fin de droits en 2014. Je suis en poste depuis un an et demi.

En partant de chez lui, j’étais en retard pour retrouver mon covoiturage. Devant la station de métro, j’ai changé d’avis et j’ai pris un taxi. Après tout, ma sérénité vaut bien 10 balles. Je suis remplumé :)

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