En résidence

Le 11 juillet 2015, j’ai publié ce post: Première impression en 3D. Depuis 2 ans, je vais toujours régulièrement dans ce fablab pour continuer ce même projet. C’est vraiment trop long et ces derniers temps ça devenait frustrant. Le deuxième semestre 2016 a été particulièrement déçevant, avec une série de galères techniques qui m’ont fait manquer tous mes objectifs. Il fallait que ça avance, voire que ça se termine.

J’ai démissionné début janvier 2017, et j’ai pu garder trois semaines entre mes deux postes pour terminer ce projet. Mes amis du Carrefour Numérique m’ont proposé d’être en résidence dans le fablab, j’ai donc pu avancer beaucoup plus efficacement qu’avant. Entre le 6 et le 25 mars, mon projet n’était plus un hobby du samedi après-midi mais une occupation à plein temps.

La première semaine, j’ai travaillé sur un sujet fondamental: la puissance lumineuse. J’avais cru régler ce problème quelques semaines plus tôt. Mais mon système à base d’ampoule de lampe torche n’était pas assez puissant, l’objectif restant de danser avec deux tonfas comme seul éclairage.

Je commence donc ma résidence par un blocage. Ce que je fabrique n’est pas très différent d’une lampe, son premier rôle est donc d’éclairer. Après plusieurs tatonnements, j’ai fini par trouver ce qu’il me fallait: un spot d’ameublement.

Ce choix du spot a été une réussite totale. Cela ne se voit pas bien sur la photo, mais la lumière est beaucoup plus puissante. Et j’ai retrouvé la couleur que je voulais, ce blanc chaud sur lequel j’avais tiré un trait lors de la tentative précédente.

Problème de puissance réglé. Il me restait à intégrer ce nouvel élément dans mon système, ce qui a été plus compliqué que prévu. Parmi les pièces que j’ai conçu et imprimé en 3D, une des plus complexes est précisément celle qui sert de support à ma source lumineuse, le culot de l’ampoule.

Le nouveau spot étant plus volumineux que les solutions précédentes, j’ai dû modifier le design de cette pièce pour faire de la place. J’ai eut besoin de beaucoup de tentatives pour ça.

J’ai découvert que ma conception était bancale, que je ne pouvais pas la faire évoluer rapidement. Le design paramétrique nécessite de la rigueur, a fortiori pour une pièce aussi complexe. Une leçon prise.

Pendant l’impression de la dernière version du culot, j’ai fait une erreur de débutant: j’ai oublié de placer les supports nécessaires. Action: nous avons arrêté l’impression en cours pour mettre en place des supports de papier. A ce moment là, nous étions très fiers de nous.

Une fois la nouvelle source lumineuse en place, il me restait un dernier défi: pouvoir changer les piles. Depuis que j’ai abandonné l’idée d’utiliser une batterie Li-ion, je fonctionnais avec des support de piles que j’imprimais moi-même, selon des plans trouvés sur internet.

Le spot que j’ai choisi est assez gourmand, il nécessite 6 piles AAA. Impossible d’ utiliser les supports imprimés avec autant de piles: Ils sont trop grand pour tenir dans le corps du tonfa. J’ai fini par trouver mieux sur un site spécialisé:

Absolument parfait: un encombrement minimal qui me permet de placer les six piles dans l’espace réduit dont je dispose. Il me restait donc à conçevoir et imprimer les pièces nécessaires pour maintenir en place ces supports de pile.

J’ai eut un prototype complet dans les mains à la fin de la troisième semaine. Est alors arrivé le moment du test. Un ami est venu avec son appareil photo et nous nous sommes installés dans l’agora, la plus grande salle du Carrefour numérique.

Après quelques réglages et quelques bonnes photos, j’ai fait un faux mouvement.

Le tonfa a heurté le sol à pleine vitesse et s’est cassé en deux.

Sale ambiance, coup au moral, déception.

Après avoir étudié la pièce détruite, il s’est avéré qu’elle a cassé exactement là où on avait arrété l’impression pour mettre en place les supports de papier. On peux même voir le trait de la cassure sur la photo plus haut. Nous étions très fiers de nous à ce moment là, mais nous venions de créer une fragilité dans la structure. Encore une leçon prise.

Au final, je n’ai pas du tout atteint les objectifs que je m’étais fixé. Le prototype n’est pas terminé, je n’ai même pas commencé à danser avec. Je l’ai cassé le dernier jour, pendant la séance photo qui était censée être le point culminant de la résidence.

Rien de dramatique pour autant. J’ai beaucoup avancé, je suis reparti avec un prototype quasi-fonctionnel, et j’ai fait connaissance avec mon problème suivant: la solidité. Techniquement, ce projet a réellement avancé, mais ce n’est pas vraiment le plus important.

On m’a fait un grand honneur en me proposant cette résidence. Quand Mathieu Vernet m’a parlé de cette possibilité il y a six mois, il m’a mis au même niveau que des gens qui ont fait des études que je n’ai pas pu faire. A 20 ans, je voulais être designer. Et quelques semaines après cette résidence, je me suis présenté spontanément comme designer du dimanche. Je ne sais pas comment exprimer à quel point c’est important pour moi. Quelque part, je suis en train de réaliser le rêve de mes 20 ans, soutenu par une dizaine de personnes. Je ne remercierai jamais assez le personnel et les usagers du Carrefour Numérique, donc autant commencer tout de suite: Merci :)

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